Entre mer et Thau
Un bout de terre entouré d’eau,
Soleil, et sable qui s’anise,
Verts les canaux d’une Venise
Sous le ciel entre mer et Thau ;
Vue sur le golfe et ses bateaux,
Une flopée de sépultures,
Que de morts en villégiature
Sous le ciel entre mer et Thau !
Une épitaphe, un écriteau,
Un « Ici gît un brave type
Sans sa guitare et sans sa pipe »
Sous le ciel entre mer et Thau.
Les visiteurs, plein, des quintaux !
Se plantent là, droits, se santonnent
Toute l’année, pas qu’en automne,
Sous le ciel entre mer et Thau.
Du métromane, incognito,
Dont les vers ont bouffé les rimes
Et qui vient soigner sa déprime
Sous le ciel entre mer et Thau.
Jusqu’aux matous de Léautaud,
Les bons clients de la tripière,
Tous ont campé devant ta pierre
Sous le ciel entre mer et Thau.
Pas de larme ou de lamento,
Pas un n’a répandu sa plainte
Ni s’est complu dans la complainte
Sous le ciel entre mer et Thau ;
Nul n’a joué son concerto
De compliments et de louanges :
On aurait pu ouïr les anges
Sous le ciel entre mer et Thau.
Et les amis, les vieux poteaux
Partis de chez la buvetière
Rincer leur dalle au cimetière
Sous le ciel entre mer et Thau
Arrivaient de tous les coteaux,
Levaient tous un ballon de rouge,
Trinquaient avec tout ce qui bouge
Sous le ciel entre mer et Thau.
Mais, à leur suite un zigoto
Est allé conter aux gazettes
Que tu méritais la rosette
Sous le ciel entre mer et Thau ;
J’ai rajouté tout aussitôt
Un codicille à ta Supplique
Avant qu’un autre con rapplique
Sous le ciel entre mer et Thau.
Laissez la scène et les tréteaux,
Le champ libre aux gens de ramage,
A ceux venus te rendre hommage
Sous le ciel entre mer et Thau ;
Au petit joueur de flûteau,
Copains d’abord et croque-notes
Le soin d’entretenir tes notes
Sous le ciel entre mer et Thau.